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La Bretagne pionnière de l'aventure des phares et balises au XVIIIe siècle

BREIZH / BRITTANY— Au XVIIIe siècle, le balisage des côtes est balbutiant. De jour, le navigateur s'appuie sur quelques amers, arbres, clochers, moulins ; de nuit, il ne navigue pas ou si peu. Les côtes de l'Europe sont froides, noires, hostiles. Une situation dont ne pouvait se satisfaire l'industrieuse Bretagne, jalonnée de plusieurs ports de commerce, comme Morlaix, Saint-Malo, Lorient ou Nantes, ports dont l'accès est difficile et jalonné d'écueils. 
C'est pourquoi, hors les efforts de la Royale pour rendre moins dangereux l'accès de Brest, la Bretagne se lance dans l'aventure des phares au XVIIIe. Le commerce maritime international, la Bretagne le connaît depuis longtemps. Ouessant (Uxisama) est un relais des Phéniciens sur la route de l'étain. Les Romains exportent le garum, condiment à base de poissons laissés se faisander dans des cuves depuis les littoraux et la pierre ou les mines depuis l'intérieur des terres. Au Moyen-Age, la Bretagne compte à sa pointe la tour de l'abbaye Saint-Matthieu de Fines Terre qui porte un fanal depuis 1250 et qui est convertie en phare en 1692. La collégiale Saint-Aubin de Guérande et la tour de Penerf à l'entrée de la Vilaine portent des feux, brasiers continus, depuis la moitié du XVe. Au XVIe, il faut ajouter à la liste le clocher de la chapelle Saint-Pierre de Penmarc'h. Les initiatives pour baliser les côtes bretonnes sont essentiellement privées et impulsées par les commerçants, comme le feu de Fréhel, allumé en 1701 à Saint-Malo.